AU SEUIL DE L’ARGILE
BELAID TAOUFIKI : Le vertige des vers
Rédouane Taouil
La vigueur et la maîtrise constante de l’écriture de ce poète en fait une figure sensiblement différente de ses pairs. Le style et l’exigence que ses recueils déploient, depuis les poèmes de la prime jeunesse jusqu’aux derniers où l’amour et la mort s’entrelacent dans l’ivresse des jours, témoignent de cette originalité. « Au seuil de l’argile », qui est illustratif à cet égard, met en exergue l’intimité entre un veilleur sur des yeux clos sous terre et un personnage en attente d’un sommeil à l’image de celui des pierres. Par ses ellipses, ces vers semblent cautionner la maxime du poète mexicain, Carlos Pellicer : « vivre avec peu de mots, mais avoir en chaque mot une tempête ».
AU SEUIL DE L’ARGILE
Pareil à un gardien de cimetière
Je m'assoupis mais ne dors
Les cauchemars me cernent
Et les illusions m'effritent
Le nuage ne présage pas de pluie
Et la parole n'est pas parole
J'ai acquis la certitude
Que je finirai sous un amas de pierres.
على عتبات الطين
كحارس مقبرةْ
أغفو، قليلا، ولا أنام
الكوابس تحاصرني
وتذغذغني الأوهام
فلا الغمام غمام قطرٍ
ولا الكلام كلامْ....
أعلم علم اليقين
أن نهايتي تحت هذا الركام.
2018/4/10
الصورة بعدسة المصور الصحفي الصديق خالد الصات.