Clair de lune, le plus jeune roman du Maroc
Clair de lune, le plus jeune roman du Maroc
Clair de lune est le roman d’une jeune fille de 14 ans nommée Maroua Affa. Ce roman nous montre que parmi nos jeunes, garçons et filles, il y a du talent ou, en tout cas, que nous pouvons y dénicher des écrivains en herbe de qualité. Notre devoir, aujourd’hui peut-être plus qu’hier, est de les encourager pour qu’ils nous donnent les trésors qui sont tapis en eux.
Maroua est la première jeune fille marocaine de cet âge qui a été capable d’écrire un roman (en français[1]) et de le publier. Elle a su lui donner une cohérence interne en présentant la vie au sein d’une famille de classe moyenne, avec une mère analphabète qui adore son fils Seth, un père aimable qui préfère sa fille Chandelle, et les deux frères, un garçon et une fille, qui se détestent. Et une histoire d’amour, bien sûr, puisque Chandelle quitte sa famille pour échapper au mariage qu’on veut lui imposer et pour retrouver l’homme qu’elle aime. Mais… c’est une histoire d’amour qui ne se termine pas forcément bien.
Avec ce premier roman, Maroua a démontré qu’elle a de la plume, qu’elle sait raconter et qu’elle a une imagination fertile. Et elle y joue à un jeu subtil en littérature, à savoir l’art de mêler, dans un récit imaginé, des éléments de fiction et des éléments de réalité. Le principal personnage de son roman (Chandelle, en l’occurrence) fait référence à des personnages historiques qui ont réellement vécu, comme Shakespeare, par exemple. Quel est l’effet de ce mélange ? À mon sens, c’est surtout de plonger le lecteur dans la vérité romanesque de l’histoire racontée, de le faire naviguer tout à fait à l’aise entre la fiction et la réalité. C’est aussi, de la part de l’auteure, une façon de nous dire que fiction et réalité sont inter-pénétrables et que le romanesque fait aussi partie de notre existence.
Maroua Affa, dans Clair de lune, traite un thème récurrent en littérature : l’opposition entre la collectivité et l’individu. La destinée que son entourage réserve à Chandelle est la soumission et un mariage forcé. Et la rébellion de la jeune fille est une façon de manifester son droit à la liberté et à choisir ce que doit être son avenir. Elle le dit avec force : « le destin dépend de nous » (p. 56). Et, ne l’oublions pas, c’est une jeune fille qui commence à peine son adolescence qui nous le dit.
Au-delà, et en parlant plus spécifiquement de Maroua, cela signifie qu’elle a une vision de la vie comme un tout et qu’elle l’embrasse à bras-le-corps, avec ses aspects matériels concrets et ses aspects intellectuels abstraits. L’auteure a donc une vision de ce qu’est l’existence, elle a des idées précises au sujet des relations familiales et sociales, elle exprime clairement de quelle façon elle conçoit la place et les droits de l’individu au sein de la collectivité. C’est grâce à ces capacités indéniables, et à travers les aventures de Chandelle, que se dégage toute une philosophie de la vie.
C’est finalement cette vision globale qui donne à Clair de lune ce que j’ai appelé la cohérence interne du roman. Une cohérence grâce à laquelle une œuvre littéraire nous renvoie notre propre réalité et nous interpelle. Une cohérence qui est l’un des éléments essentiels qui donnent de l’intérêt, de la force et de la crédibilité à l’œuvre littéraire.
Driss Bouissef Rekab.
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[1] Il faut signaler que ce roman a des fautes de style et des fautes de concordance des temps, parce que Maroua est une jeune fille qui ne domine pas encore la langue française, mais il faut imputer ces fautes à l’éditeur (qui est aussi l’auteur de ces lignes), qui s’était engagé à les corriger et a mal accompli sa tâche.
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